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Vie polymorphe Blog de littérature contemporaine conçu et rédigé en français ou en anglais. Blog of contemporary literature conceived and drafted in English or in french ...

Rouletabille n°19 de juillet 2009

Rouletabille et le serial killer

Le feuilleton littéraire mensuel des nouvelles aventures de Rouletabille - n°19 de juillet 2009

Dix-neuvième épisode: "  L'ENTRETIEN DE MAITRE SINCLAIR AVEC MADAME PERETIN "


       Encore tout retourné de son entrevue ratée avec le député, Maître Sinclair quitte le Palais Bourbon au moins un quart d'heure après lui pour aller rejoindre l'agence du Parc Monceau, où il compte exceptionnellement passer la nuit. Il dispose en effet d'un petit lit dans une sorte de cagibi attenant à son bureau. D'ailleurs, une fois la porte de l'agence L'Epoque refermée à clé derrière lui, lumière éteinte, il s'allonge sur le lit et s'endort presqu'aussitôt, encore tout habillé. Le cagibi ne comportant pas de fenêtre, l'obscurité s'avère persistante, même en période diurne. De la sorte, c'est seulement à dix heures que Maître Sinclair se réveille en sursaut pour se projeter contre la porte et l'ouvrir, les yeux aveuglés par la clarté ambiante de son bureau. Il n'y a personne à l'agence L'Epoque ce matin là; Rouletabille enquêtant du côté de Blois. Il se prépare une tasse de café dans la kitchenette attenante au bureau de son collègue et mange un biscuit. Puis, ayant apprêté son costume et refait son noeud de cravate, il sort de l'agence et se dirige vers une cour intérieure où se trouve un véhicule de service du Journal L'Epoque. Il monte et la voiture démarre en trombe, manquant d'écraser un cycliste à l'angle de la rue menant au parc Monceau.




     Ainsi véhiculé, Maître Sinclair parvient presque deux heures plus tard devant les grilles du pavillon dont Camille Pèrétin et son épouse s'avèrent être les propriétaires. Ayant mis le véhicule de service à l'arrêt, Sinclair referme très vite la portière derrière lui pour aller répondre à un besoin pressant et va pisser derrière un arbre. Puis, ayant remonté prestement la braguette de son pantalon, il s'élance vers les grilles, constatant avec un certain soulagement l'absence de policier, aussi bien à cette entrée que dans le parc entourant le pavillon. Et lorsqu'il gravit les marches du perron, s'apprêtant à tirer sur la sonnette, c'est à un domestique qu'il se retouve confronté. Celui-là lui demandant la raison de sa visite, il s'empresse d'exprimer son souhait de rencontrer le député; et le domestique de lui répondre que celui-là n'est pas au pavillon en ce moment. Alors vient une idée à Maître Sinclair, qui est de demander à voir Madame Pèrétin. Sitôt dit, sitôt fait; Maître Sinclair se retrouve quelques minutes plus tard assis sur un fauteuil en face de Madame Pèrétin, une tasse de thé à la main. Tous deux conversent pendant quelques minutes sur le temps qu'il fait puis sur le drame qui a déjà eu lieu il y a quelques temps. Et Madame Pèrétin d'exprimer son impuissance, son désarroi quant à tout ce qui s'est passé : " La police est maintenant partie il y a une semaine mais deux gardiens de la paix se sont relayés dans le parc vingt-quatre heures sur vingt quatre pour surveiller le pavillon. Vous savez, ce fut un drame affreux et au moment de l'enterrement de Linda et de ses copains, mon mari était bouleversé. Il a même manqué avoir un malaise lors de la lecture de son sermon par le curé. Après, au pavillon, pendant deux semaines, il est resté là, assis sur ce canapé ou enfermé dans son bureau, presque prostré, ne voulant recevoir personne, déclinant toutes les invitations, reportant tous ses rendez-vous, ne voulant plus retourner à l'Assemblée Nationale. Et ces policiers qui se relayaient nuit et jour... Vous savez, j'ai vraiment vécu deux semaines épouvantables après cet enterrement. Mon mari n'a repris son travail au Palais Bourbon que quinze jours plus tard. Depuis, préférant dormir à l'hôtel, il n'est plus revenu que pour le week-end ... "

           
         Maître Sinclair écoute patiemment Madame Pèrétin puis tout d'un coup, lorsqu'elle semble avoir terminé son récit, il pose cette question un peu saugrenue : " Votre mari ou vous-même, connaissiez-vous M. Marco Valaque ? " Madame Pèrétin paraît sursauter lorsqu'elle entend prononcer ce nom, hésite puis répond : " Moi, non, pas du tout. Quant à mon mari, je ne sais pas. En tout cas, il ne m'en a jamais parlé ...
- Soit, j'admets. Avez-vous eu connaissance d'une liaison extra-conjugale entretenue par votre mari ?
- Non. Il ne m'en a pas parlé. Mais pourquoi ces questions relatives à notre vie privée ?
- Oh ! Simple question de Journaliste.
- Alors arrêtez. Allez-vous en.
- Soit, mais je ne m'en irai pas avant de vous avoir remis l'une des quatre photographies où pose votre mari. La voici. Sur ce, au revoir, je m'en vais."
         Maître Sinclair ne prend même pas le temps d'écouter s'exprimer la colère de son hôtesse à l'encontre de son mari et rejoint tranquillement son véhicule de service.

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